5h30 du mercredi 01 novembre 2017

LONGÉVITÉ GLACÉE

Pour les journalistes, le 1er novembre est un “ marronnier”, qu’est ce qu’on va dire cette année de la fête des Morts?  Il y a du nouveau, puisqu’insidieusement le dernier bastion de l’égalitarisme est attaqué par les humains. La « mort de la mort », soyons réalistes, n’est pas pour demain, peut-être pas pour ce siècle. Mais on nous en fait déjà le grand récit, la version scientifique de la résurrection des morts, de la vie éternelle, d’un au-delà ici et maintenant. Et, comme d’habitude, nous ne demandons qu’à y croire.
 
Nous voici avec un nouveau mythe dans la tête qui ne va pas s’évaporer. Naissance d’une angoisse inédite : suis-je né trop tôt ? Dans un siècle ou deux, j’aurais pu être immortel, mais c’est raté. Comme la plupart de ceux qui lisent ces lignes, je mourrai en pensant que bientôt ce ne sera plus forcément fatal. Bouleversement philosophique, puisque jusqu’ici il y avait au moins une certitude dans toute existence, celle de sa fin.
 
En attendant, on courtise la longévité, avec des succès limités, mais appréciables. Mais quand on voit des centenaires moyens à la télévision, on peut se demander si nous avons vraiment envie de les rejoindre. Encore nous montre-t-on ceux qui sont présentables.
 
Notre fatalité d’humains c’est peut-être d’être des mammifères terrestres. Comme les homards, les baleines bleues dépassent allègrement les 100 ans, les grosses tortues marines peuvent atteindre 250 ans, les requins du Groenland 400 ans. Pour ma part mon choix est fait. Nager quatre siècles dans l’eau glacée ? Plutôt mourir.